Inv. SDE/CM/edf-95709
Biloko
Acquis auprès d'un rabatteur camerounais et offert au Conservateur par
l'antiquaire Gérard Sand.
Provenance : frontière entre le Cameroun et la république du Congo.

Description :

Cloche composée de bois et de métal représentant un Biloko ; esprit agressif des forêts de pluie du Nord du Congo et du sud du Cameroun. Hauteur 23 cm sur une largeur de maximum 17 cm. Représente une créature naine avec une très large bouche, deux bras un " chapeau " en pointe, rappelant les nains de jardin allemands, et une sorte d'appendice caudal.

Dossier :

Témoignage du chasseur pygmée à qui fut achetée la pièce, raconté par le rabatteur d'objets camerounais. Le pygmée, un Aka de la région de la Likouala, était considéré comme un grand sorcier au sein de son groupe ethnique.

" …Le pygmée était parti chasser dans la forêt, comme à l'accoutumée. Mais depuis que les braconniers du bois détruisaient allègrement ces régions de l'Afrique de l'Ouest, le gibier devenait de plus en plus rare. Le chasseur avait dû s'engager dans les parties les plus reculées de la forêt. Les bois dans lesquels il s'aventurait avaient une très mauvaise réputation, et beaucoup de personnes des tribus avoisinantes avaient disparu à tout jamais. Mais c'était y pénétrer ou mourir de faim. Malgré les nombreux grigris, n'kissis et amulettes le protégeant, le pygmée n'était quand même pas à son aise.
Il avait repéré les traces fraîches d'un cochon sauvage (probablement un potamochère) qui serait le bienvenu au repas familial. Après avoir encore marché quelque temps dans les empreintes de l'animal, il entendit le bruit aigrelet d'une clochette.
Au pied d'un énorme tronc creux d'iroko*, le cochon sauvage, tremblant, semblait sous l'emprise d'une effroyable créature qui agitait son grelot de bois. L' être surnaturel de petite taille, même d'après le point de vue d' un pygmée, avait un regard chargé d'une malveillance palpable ; et une énorme gueule qui donnait l'impression de pouvoir engloutir le cochon ou le pygmée en une seule bouchée. Le lutin, imberbe et chauve, était recouvert de végétation. Il s'agissait, sans le moindre doute, d'un des plus dangereux esprits de la forêt, le Biloko. Esprit d'un mort, assoiffé de revanche et de haine contre les vivants.
Le pygmée se sentit attiré vers la gueule du monstre, mais puissant féticheur, il eut la force de résister et de décocher une flèche empoisonnée en direction du nain. Aussitôt, il disparut et le pygmée fut détaché de l'emprise maléfique.
La flèche avait transpercé le cochon sauvage avant de se figer dans le tronc de l'arbre mort. A l'intérieur de ce dernier ,un amas de restes humains témoignait de la voracité du Biloko. Il s'en était fallu de peu…
"

Le pygmée ramassa le cochon et la curieuse clochette représentée ici. Qui fut troquée au rabatteur camerounais contre un bon matabiche ; avant de trouver sa place dans les collections du Surnatéum.

*Iroko : n. m. (Chlorophora excelsa) Grand arbre dont le bois rouge-jaunâtre est exploité commercialement. Appelé également chêne d'Afrique.

Note : Le terme biloko est utilisé en français - colonial pour désigner un petit objet.