Inv.SCT/SV/pt-90151
L'exécuteur des Hautes Oeuvres
Rhésus 3
Coffret de Tueur de Vampires, deuxième moitié du dix-neuvième siècle.
Le Pistolet date du dix-huitième siècle et fut ramené de l'expédition.
Ramené d'expédition en Russie et Mongolie en septembre 2001

Description :

Le coffret de tueur de vampires est un ensemble commercialisé par le Professeur Ernst Blomberg dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle. L'assemblage était fabriqué par un armurier liégeois de renom, Nicolas Plomdeur.
Ce coffret particulier, dans les collections du musée depuis la fin du dix-neuvième siècle vient de retrouver son pistolet (fabrication espagnole, fin du dix-huitième siècle, originellement platine à silex, transformée à percussion dans la première moitié du dix-neuvième siècle.) perdu dans les circonstances décrites plus bas dans le texte. Fabriqué en deux étages distincts, il contient tous les accessoires d'entretien du pistolet de cal.50., ainsi que un grand flacon d'eau bénite, des petits flacons ayant contenu le sérum anti-vampire du Professeur Blomberg ainsi que du jus d'ail pour imprégner les balles d'argent, un petit flacon de poudre de soufre (dont l'odeur en fumigation) avait le pouvoir de chasser les vampires. Un crucifix en bois et cuivre, diverses médailles bénies, un petit flacon de sels, un exemplaire de l'ouvrage de 1819 de l' " Histoire des Fantômes et des Démons " de Gabrielle de P. (voir Bibliothèque).
Un mode d'emploi en langue de Shakespeare collé dans la partie intérieure du couvercle contient ce texte :
Vampire Killing Kit

The accoutrement for the destruction of the Vampire

This box contains the items considered necessary for the protection of persons who travel into certain little known countries of Eastern Europe where the populace are plagued with a peculiar manifestation of evil, known as Vampires...
Professor Ernst Blomberg respectfully requests that the purchaser of this kit carefully studies his book. Should evil manifestations become apparent, he is then equipped to deal with them efficiently... Professor Blomberg wishes to announce his grateful thanks to that well known gunmaker of Liege, Nicholas Plomdeur whose help in the compiling of the special items, the silver bullets, etc., has been most efficient.
The items enclosed are as follows...

1. The efficient pistol with its usual accouterments
5. A Syringe
2. A quantity of bullets of the finest silver
6. A wooden Crucifix
3. Powdered flowers of garlic (one phial)
7. Holy Water
4. Flour of Brimstone
8. Prof Blomberg's New Serum


Ces coffrets de Tueurs de vampires, quoique extrêmement rares se retrouvent parfois dans des collections privées, sous la dénomination de " Vampire Killing Kit ". Nos amis du groupe " Fear No Evil " en possèdent deux, un allemand et un anglais. Les musées " Ripley's Believe it or not " en possèdent également un.


Exposé du Conservateur :

Quand j'arrivais au Département Secret du Surnatéum, toute l'équipe s'y trouvait déjà réunie. Je saluais le bibliothécaire, l'épouse du Conservateur et mademoiselle Fay d'un petit geste amical, lorsqu'une voix connue s'adressa à moi.
" Un petit problème avec les codes d'accès ? " Me demanda le Collectionneur, un sourire légèrement narquois aux lèvres.
" Je n'arrivais pas à retrouver la clé dans le Glossaire ! " Répondis-je, un peu essoufflé. " Mais je suppose que votre talent à deviner les choses du futur, vous a permis de prévoir mon retard de ce soir... "
Je jetai un coup d'œil autour de moi, cela sentait la peinture fraîche. Je venais rarement dans ce département, mais le contenu de la partie cachée du musée ne m'a jamais laissé indifférent. Il explique la nature réelle de l'Institut et des Sensitifs , mais n'est accessible qu'à une minuscule élite, capable de percevoir l'autre face de la réalité. Et surtout de franchir les épreuves qui permettent d'accéder à ce lieu.
C'est à ce moment que le Conservateur prit la parole.
" Joyeux Noël et bonnes fêtes à tous !
Cette année fut riche en découvertes pour le Muséum ; comme vous pouvez le constater, le Département Secret a été entièrement rénové et de nouvelles acquisitions, complétant les collections, viennent de quitter la Section des Quarantaines, et seront incessamment exposées dans les salles ad hoc. Le Département des Antiquités Hantées a retrouvé un équipement complet de chasseurs de fantômes datant de l'entre deux guerres ; la Bibliothèque s'est enrichie du Dictionnaire des Drogues Simples, dans une édition peu courante de 1714 et de quelques grimoires magiques assez recherchés. Je félicite particulièrement notre chef des expéditions dont le voyage en Mongolie et en Russie nous vaut les trésors que vous pouvez admirer ici. Ce coffret complet de médecine chamaniste fut acheté sur un marché d'Ulang-Bator, et l'analyse de son contenu nous permettra peut-être de découvrir des traces de l'existence de l'Olgoï-Khorkoï, le mythique ver intestin mongol. Je vois le directeur du Département de Cryptozoologie se frotter les mains. La Khanne sera soigneusement étudiée avant de rejoindre les Hantiquités de ce Département-ci ; mais ce qui me tient particulièrement à cœur, ce qui a motivé une grosse partie de l'expédition mongole, c'est le retour de la pièce manquante du puzzle " Rhésus " que voici. "
Le Conservateur retira d'une peau de chamois, un pistolet ancien d'environ 25 cm de long, au calibre impressionnant. Probablement du 50, un modèle rare, peut-être unique.
" Je remercie Christian Bréard, du service des Restaurations Délicates, pour l'excellent travail accompli sur cette arme. Elle est à nouveau en parfait état de fonctionnement. Mais laissez-moi vous exposer l'historique de cette pièce exceptionnelle, vous comprendrez pourquoi le Collectionneur et moi-même avons de quoi nous réjouir."
" En faisant paraître le " Traité sur les apparitions des Esprits, et sur les vampires ou les revenans de Hongrie, de Moravie, &c. " de Dom Augustin Calmet en 1746, L'Eglise reconnut officiellement l'existence des vampires et autres créatures de la nuit. Oui, oui, je sais, seule l'édition de 1751 de l'ouvrage est considérée comme référence. Mais peu importe ! Cet ouvrage faisait suite et écho à la grande peur vampirique de la première moitié du dix-huitième siècle, provoquée entre autres par les cas d'Arnold Paole et de Peter Plogojowitz. Il fallut néanmoins attendre l'année 1789 pour qu'une décision soit prise par l'Eglise, d'armer une petite équipe de chasseurs de monstres pour lutter efficacement contre ces créatures. L'équipe se composait d'un abbé français spécialisé dans les rites d'exorcisme et d'invocation et, à moins que je mélange les nationalités, d'un pisteur allemand et d'un exécuteur de nationalité espagnole. Pour permettre à ce dernier d'accomplir efficacement son travail, une arme fut conçue et ritualisée par trois évêques. Sur le fût du canon furent incrustés trois crucifix d'argent disposés comme un Golgotha et, au cours d'une conjonction planétaire extrêmement rare (durant laquelle doit, entre autres, se produire une syzygie, un alignement soleil-lune-terre), l'arme fut consacrée. Ce pistolet possédait originellement une platine à silex qui fut transformée vers 1820 en platine à amorce. Les balles en argent étaient trempées dans un mélange de jus d'ail et d'eau bénite, leur calibre ne laissant malgré tout que peu de place à un échec. Surtout si on visait la tête. Idéalement, un chapelet de bois devait être porté par le tueur, pour affaiblir sa victime. L'exécuteur prépara l'arme pour un usage rapide en limant légèrement la partie inférieure de la baguette de chargement, pour qu'elle ne s'accroche pas dans les vêtements. Permettant de " dégainer " rapidement en cas d'attaque surprise.
Elle a servi plus d'une fois au cours des siècles précédents, et pas toujours sur des vampires ou des loups garous...
Tombée un peu en désuétude dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle, l'arme devint en 1877, la propriété du premier Collectionneur.
C'est vers cette époque qu'il fit monter le coffret du pistolet par un certain Professeur Blomberg.
On dit qu'il fit une première fois usage de l'arme en 1888, contre une créature surnommée " Jack the Ripper " par la presse londonienne de l'époque. Entité sanguinaire dont les restes reposent au fond de la Tamise depuis plus d'un siècle. Le Collectionneur est toujours resté très discret à ce sujet, mais je crois savoir qu'il s'agissait d'un officier de l'armée des Indes, infecté par une magie locale et qui avait vu sa transformation amplifiée durant un rite de la Golden Dawn. Une secte ésotérique née au début de cette année-là. L'affaire fut totalement étouffée car elle impliquait de très hauts notables de la capitale anglaise.
Toujours est-il que l'arme se trouvait toujours au sein du Surnatéum, lorsqu'en 1943 un émissaire de l'archevêché de Gand vint trouver le Collectionneur en lui racontant la plus étrange des histoires. Le prêtre avait entendu en confession le témoignage d'un vieil évêque mourant du nom d'Eugenius van Rechem. Oui, celui-là même lié à l'affaire " Schlemihl ". Il n'avait pas tout compris, car le mourant parlait d'une voix très faible et n'avait pu aller jusqu'au bout de son témoignage, mais avait exigé du secours. Il avait parlé de reliques sacrées inaccessibles sans fournir plus d'informations, d'un médecin, d'expériences sur le sang, de vampires et d'Adolf Hitler. Le Collectionneur, au courant des expériences magiques et apocalyptiques de la Thule Gesellschaft à la fin de la Grande Guerre, avait pris l'histoire très au sérieux. Il se rappelait également qu'un autre Sensitif, du nom de F.W. Murnau, avait réalisé un film prophétique annonçant la venue du vampire. Il comprenait pourquoi tous les attentats visant à éliminer le monstre échouaient automatiquement, décuplant à chaque fois la colère démentielle d'Hitler.
A chaque tentative ratée, la protection du Führer se renforçait. Il fallait également former un exécuteur et l'introduire auprès de lui. Il n'était pas question de créer une nouvelle arme, les conditions dans lesquelles le rituel de consécration était possible n'apparaissaient qu'une fois tous les quatre cent trente ans. Le pistolet fut donc sorti de sa cache, soigneusement nettoyé et préparé, et de nouvelles balles d'argent furent fondues et traitées. L'arme fut ensuite secrètement introduite à Berlin pour être confiée au tueur. L'exécuteur devait être allemand et assez intime avec Hitler que pour pouvoir l'approcher et l'éliminer. Après avoir passé en revue plusieurs possibilités, le choix du Collectionneur s'arrêta sur un jeune major, un SS-Sturmbannführer de la Waffen-SS, du nom de Otto G., avec qui une rencontre fut organisée. Etaient également présent, un haut responsable de l'Ahnenerbe, encore secrètement lié à la Thule Gesellschaft, et un officier supérieur de la Waffen-SS, au visage de rapace. Au départ complètement atterré, le major vociféra contre les " traîtres " de conspirateurs en menaçant d'aller les dénoncer sur-le-champ, puis se calma et finit par se laisser troubler par les arguments présentés. La lumière du doute commençait à faire son chemin au travers de ses certitudes aveugles. Le Collectionneur le persuada de bien observer Hitler, et de trouver une preuve évidente de la réalité des faits, auquel cas son honneur de SS devrait l'obliger à agir. Pour le bien de l'Allemagne et de l'humanité. Le dignitaire de la Société de Thulé intervint à son tour et lui parla longtemps d'un flacon ancien, d'un rituel activé en 1919 par des inconscients, et de ses conséquences sur les six millions de morts que la guerre avait déjà provoqués. Promesse lui fut faite que quoiqu'il advienne, son jeune enfant serait protégé, soit de la vengeance des nazis, soit des Russes qui envahiraient Berlin avant les Alliés américains ou anglais. Et s'il était capturé par les Alliés, tout serait tenté pour le faire libérer ou réduire son emprisonnement.
Dans l'après-midi du lundi 30 avril 1945, l'occasion se présenta. Peu de temps après le mariage célébré avec Eva Braun, Hitler dans un état dépressif annonça son intention de se suicider, le prétexte était tout trouvé. Otto rejoignit Hitler et sa femme dans l'antichambre de l'appartement. Eva venait de s'empoisonner et le führer titubait légèrement, le cyanure qu'il venait d'absorber ne lui faisait aucun effet, rien n'arrivait à le tuer. Alors le Waffen-SS, comprenant que tout était vrai, sortit le pistolet, enfonça le canon dans la bouche d'Hitler et tira la balle d'argent à bout portant. Ensuite, il ordonna que le corps soit brûlé. Il jeta un autre pistolet automatique où il manquait une cartouche, sur le sol, pour faire croire au suicide. Il fallut ensuite faire brûler le cadavre du monstre. Tâche dangereuse sous les bombardements soviétiques, mais indispensable, et qui réclama près de 200 litres d'essence. Malheureusement, dans la confusion qui suivit la fuite du bunker et l'arrestation du major par les russes, le pistolet du Surnatéum fut perdu. Emporté comme " souvenir " par un soldat soviétique, puis probablement échangé contre des cigarettes et de la vodka.
Aucun lien ne fut jamais fait entre cette arme et le cadavre carbonisé d'Hitler.
Nous n'avions qu'un vague nom, sans plus, celui d'un militaire russe ayant participé à l'interrogatoire de Otto G. Le major allemand ne fera qu'une partie de sa peine et retrouvera son enfant à sa sortie du camp de prisonniers, une dizaine d'années plus tard. Le Collectionneur tient toujours sa parole.
Il n'aura fallu que 46 ans de recherches et de difficiles contacts avec les moscovites, pour retrouver la trace du pistolet. Et le ramener.
Ce n'est bien entendu pas la seule arme " magique " que le musée possède, mais nous déplorions toujours la perte de celle-là. Elle rejoindra dès ce soir, son coffret dans la Section Vampirique du Département de Cryptozoologie!
Je lève donc mon verre d'absinthe à la santé des équipes d'exploration et de restauration du Surnatéum.
A la vôtre et une fois encore, bonne année!
"

Les vêtements que portait Adolf Hitler lors de l'attentat du 20 juin 1944 vont être brûlés en secret le 27 août 1947 par une équipe alliée (avec la bénédiction de sir Winston Churchill ). Le Collectionneur sera présent ce jour-là pour s'assurer que toute trace du sang d'Hitler aura bien disparu de la surface de la terre.
Le prétexte invoqué "officieusement" sera que l'on ne désire pas faire des reliques de ces vêtements.
Un exemplaire original de ce document exceptionnel photographié par International News Photos se trouve bien entendu dans les archives secrètes du Surnatéum.
Ce rarissime document confirme et clos en toute discrétion la série d'évènements connus sous le nom de code de "Rhésus".

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