Inv.SBB/dr-33427
Mémoire pour Anne Grandjean,
Connu sous le nom de Jean-Baptiste Grandjean Accuse & Appellant. Contre Monsieur le Procureur Général, Accusateur & Intime.


Question
: Un Hermaphrodite qui a épousé une fille, peut-il être réputé profanateur du Sacrement de mariage, quand la nature qui le trompoit, l’appelloit à l’état de mari ?
Auteur : Vermeil, François – Michel (1732-1810) et M. de Glatiny, rapporteur.
Publication : A Paris, de l’imprimerie de Louis Cellot, rue Dauphine. 1765 (Quarto : A – C4 ; 23 pages) Une gravure sur bois orne le frontispice

Document rare (peu d’exemplaires connus dans des collections privées) retrouvé dans les archives du Surnatéum (première période).

Unique édition de ce procès impliquant un hermaphrodite. Ce document préparé par l’avocat de Anne/Jean-Baptiste Grandjean né(e) à Grenoble en 1732, baptisée et élevée comme une fille jusqu’à l’âge de 14 ans lorsqu’elle découvrit son attraction pour les filles. Son confesseur et son père, convaincus de sa masculinité, lui firent porter les vêtement d’homme à partir de ce moment, après l’avoir rebaptisé Jean-Baptiste. Alors âgé de 32 ans, marié et vivant à Lyon, une connaissance d’enfance, nommée Legrand, informa son épouse de l’état d’hermaphrodite de son mari. Après avoir pris avis auprès de son confesseur qui enquêta, Anne/Jean-Baptiste Grandjean, reconnue comme étant de sexe féminin par un tribunal Lyonnais, fut condamné(e) : « …Il déploya contre l’Accusé la sévérité la plus grande, & par sa Sentence il le condamna à être attaché au carcan pendant trois jours avec cet écriteau, Profanateur du sacrement de mariage, à être fouetté par la main du Bourreau, & au bannissement à perpétuité. » Il fut également condamné à vivre comme une femme et interdit de toute relation avec ce sexe durant le reste de son existence.
Maître François – Michel Vermeil, fut également rendu fameux pour avoir défendu des causes étranges comme celle du Comte de Morangies, et pour avoir écrit un Essai sur les réformes à faire dans notre Législation criminelle (Pari,s 1781)et un Code des enfans naturels ou Recueil complet des lois et arrêtés qui leur sont relatifs.
Ce cas n’est pas nécessairement un cas d’hermaphrodisme pour autant, mais il pourrait s’agir d’un cas d’homosexualité féminine déguisé. Néanmoins, ce document entre dans le Département de tératologie du musée, plutôt comme curiosité que comme relatif au magique.
Ceci fait partie des « surprises » et « découvertes inattendues » dans les réserves inexplorées du Musée.